Tondi /// Empédocle
Nuancier

Art Residency ///Johannesburg

2018, résidence d’artiste à Johannesburg, en Afrique du Sud avec la SAFFCA. Pour moi qui n’avais jamais foulé les terres africaines, cette expérience a été un enrichissement, mais aussi un bouleversement tant émotionnel qu’artistique.

L’immeuble « Augusthouse » dans lequel j’ai travaillé, se situe au 76 End Street dans un quartier difficile et dangereux, une sorte de no man’s land économique et social, où la misère et la pauvreté semblent s’être installées de manière durable dans un climat d’agressivité et de violence.

Cet environnement plongé dans une atmosphère de « fin du monde » m’a obligée à rester pratiquement cloitrée. Cette aliénation momentanée alargement conditionné mon travail durant ces quatre semaines. Cette Augusthouse(Maison d’Août, il n’y a pas de hasard) héberge une soixantaine d’artistes locaux comme d’autres de régions et des pays voisins. Parfois, des artistes européens, invités comme moi, se joignent à eux. Cette concentration d’énergie créatrice, de techniques, de supports, et de visions de l’art si diverses, est imprégnée des différentes expériences vécues et des parcours de chacun. J’ai eu la joie de nouer des amitiés fortes avec certains d’entre eux. Des artistes renommés transcendent en ces murs leur quotidien.  Ceux quime sont devenus proches m’ont fait découvrir le quartier sous leur protection et laisserentrevoir ses tréfonds.

Une grande partie des pièces sont issues de cette immersion, de cet univers oxymore vivant (tristesses-joies, sans avenir-plein d’espoir). Elles sont nées dans la recherche d’un début de réponse à la quête existentielle de la « liberté vraie », dans la réflexion sur le rapport de l’homme avec la réalité de son environnement face à son avenir. Rien de tel que d’aller dans ce bout du monde pour trouver d’autres artistes bien plus avancés dans cette quête, cette démarche. Pour eux, qui vivent pour la plupart dans la précarité, la vérité naît dans l’effort personnel. Ils se battent, ils luttent pour la trouver, ils la traquent, parfois jusqu’au bout d’eux-mêmes…

76 End Street n’est donc pas la fin d’une route, mais elle est la route-même : la vie d’un combat, d’une espérance, d’une élévation.

Tondi /// Empédocle
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