Art residency /// maison-phare de l’île Wrac’h, Bretagne (FR) 2025
Sous les rochers, l’œil de la Wrac’h
J’ai réalisé une semaine de résidence au phare de l’île Wrac’h avec l’association IPPA, où j’ai pu expérimenter une nouvelle matière, l’algue, et créer des formes artistiques inspirées de la déesse celte locale, « la Wrac’h ».
Alors que je prévoyais de vivre isolée sur cette île dans mon phare, j’ai été généreusement accueillie. J’y ai rencontré de nombreux.ses habitant.e.s et travailleuses et travailleurs dédié·e·s à l’océan. Cette expérience m’a donné envie de continuer d’explorer la paysannerie de la mer, d’en étudier les matières, les gestes, les récits, pour créer de nouvelles formes d’attention, toujours au vivant et aux personnes qui en prennent soin.
La Wrac’h n’est ni une simple sorcière ni une déesse figée : elle incarne l’empreinte mouvante de la mer sur le paysage humain. À Plouguerneau, dans l’Aber Wrac’h, elle habite les brumes, les vagues et les rochers, là où la terre rencontre l’océan. Son souffle soulève la tempête, sa présence peut guider ou menacer les marins, reflétant l’ambivalence des forces naturelles.
Au cours de ma découverte des environs, j’ai rencontré un savoir-faire unique qui perdure encore aujourd’hui : celui des goémoniers, ces « paysans de la mer » qui récoltent les algues depuis près de deux siècles. Triées selon leur type et leur qualité, les algues sont ensuite séchées, prêtes à devenir engrais, alimentation ou matière première pour des usages cosmétiques.
Héritier.e.s d’une culture ancestrale, ces hommes et femmes entretiennent un lien intime entre terre et océan, travaillant avec respect et patience au rythme des marées. Leur geste, humble mais essentiel, relie l’histoire maritime aux usages contemporains : nourrir, soigner, fertiliser, transformer.
J’ai moi-même utilisé certaines des algues récoltées dans la baie de l’île Wrac’h, offertes par ces belles rencontres, dans un geste de partage qui relie le savoir-faire marin aux gestes du fil.


















